« J’ai l’impression de parler à un mur. J’ai beau lui tendre la main et manifester mon empathie, elle n’accroche pas. »
– Benjamin, éducateur dans un service d’aide à la jeunesse
« J’ai l’impression de perdre le contrôle et de tout foirer. Je n’arrive plus à tenir le rythme. Je ne sais plus comment me positionner par rapport au réseau et par rapport aux adultes qui disent vouloir m’aider. »
– Léa, victime
Toute la difficulté dans l’accompagnement d’une victime (supposée) d’exploitation sexuelle réside dans la construction d’un lien de confiance. Il est pourtant essentiel d’y investir du temps et de l’énergie. Car c’est grâce à ce lien de confiance que la jeune fille va ouvrir les yeux et qu’elle va petit à petit se rendre compte de sa position désavantageuse. Cette étape-là est cruciale pour la victime car elle déterminera les premiers pas de sa distanciation avec son proxénète.
Nos trois experts proposent quelques pistes pour parvenir à créer ce lien de confiance, les choses à faire ou à ne pas faire et quelques idées concrètes à mettre en place au sein d’une institution pour accompagner les jeunes.
Emilie Coomans, conseillère chez Child Focus
Christian Meulders, Directeur de Sürya
Melanie Zonderman, Accompagnatrice Juridique mineurs chez PAG-ASA et Meza (Minor Ndako)
« La confiance est en train de s’installer. Elle me donne une petite ouverture sur ce qu’elle vit, ou plutôt subit, au quotidien. Ce n’est pas encore grand-chose, je sens qu’il y a beaucoup plus. L’équilibre de cette relation de confiance est précaire, j’ai peur de faire un faux pas et de la perdre à tout jamais. »
– Benjamin, éducateur dans un service d’aide spécialisé
« Je sens que le réseau n’est pas honnête avec moi, qu’ils m’utilisent quand ça les arrange. Je suis peut-être qu’un numéro au final ? Que ce soit moi, ou une autre fille naïve, tant qu’ils en retirent un max de blé, c’est ce qui compte. Mon éduc’ référent m’a offert un joli porte-clés il y a quelques jours, j’ai été touchée par ce geste. Je me sens moins seule quand j’enchaîne les passes, je me raccroche à ce petit symbole qui est toujours avec moi dans le fond de mon sac. »
-Léa, victime